Séance 6


Séance 6
Les grandes figures du siècle des Lumières : philosophes et religion.
La destruction de certaines statues sous Vichy et leur reconstruction







I — Définition du siècle des Lumières :



Le siècle des Lumières est un mouvement philosophique, culturel et scientifique d’intellectuels dans les pays de culture européenne au xviiie siècle dont le but était de réformer la société et de faire progresser les connaissances en encourageant la science et l’échange intellectuel, en s’opposant aux abus de l’Église et de l’État. 


Il s'agit de libérer l'individu du pouvoir de l'Eglise et de mettre en avant la capacité individuelle de l'homme à penser.


La raison individuelle contre la croyance religieuse 


Période : XVIIIe siècle
Débouche sur la Révolution française en 1789
Les idées des Lumières sont remises en avant par la IIIe République à la fin du XIXe siècle :
On érige des statues aux philosophes et penseurs des Lumières.




II — Diderot :


Diderot et D'Alembert consacrent plus de vingt ans de leur vie à la publication de l’Encyclopédie, énorme dictionnaire de 28 volumes de texte et de 11 volumes d’illustrations consacré à toutes les formes de la connaissance et des sciences. 

Tous les écrivains et les savants du siècle participent à la rédaction des articles de l’Encyclopédie, dont la publication s’étend de 1751 à 1772. 

Accusé de propager des idées dangereuses, Diderot est emprisonné pendant plusieurs mois. Cependant la vraie volonté de Diderot et de tous les écrivains de l'Encyclopédie était de se battre contre ce qu'ils appelaient l'Obscurantisme religieux. 

On oppose ainsi les Lumières à l'obscurantisme, ou le manque de culture, de savoir.





La statue de Denis Diderot se trouve boulevard Saint-Germain, face à l'église Saint-Germain-des-Prés

Cette statue fut créée à l’instigation d’un Comité pour la Libre pensée 

en vue du premier centenaire de la mort du philosophe, en 1884.

Le sculpteur Jean Gautherin - premier recalé du concours du monument de la République - exécute pour la célébration un modèle provisoire en plâtre installé place Saint-Germain-des-Prés. 

La statue définitive, en bronze, est inaugurée le 14 juillet 1886.

La statue échappe aux destructions sous l'Occupation.

Ce portrait assis frappe par son dynamisme et son efficacité pédagogique : la plume brandie vers l’avant et le buste, fortement penché et désaxé, expriment l’engagement de l’écrivain dont la Troisième République glorifiait le rôle de précurseur de la Révolution française plutôt que celui, plus neutre — que l’on retient aujourd’hui — du critique d’art ou de l’Encyclopédiste.

















On voit bien le détail du pied, de la plume, des livres, de la redingote...










La statue du philosophe libre penseur se trouve face à l'Eglise Saint-Germain-des-Près comme pour narguer la religion






Histoire de l'Eglise :

A l’origine, le site était une abbaye bénédictine fondée par le roi mérovingien Childebert Ier au VIe siècle. 

Le clocher et la nef, de style roman, ont d’ailleurs été reconstruits au XIe siècle, après que les Vikings avaient incendié le bâtiment deux siècles plus tôt. 
Devenue paroisse au XVIIe siècle, elle est aujourd’hui considérée comme l’une des plus anciennes églises de la capitale et accueille régulièrement des concerts de musique classique. 

Elle tient son nom de Germain, évêque de Paris au VIe siècle, qui fut l’un de ses administrateurs.








II — Montesquieu

CHARLES-LOUIS de SECONDAT, baron de La BREDE et de Montesquieu, écrivain, philosophe français (1689-1755).

Il critiqua les mœurs de son temps dans les (Lettres Persanes, 1721).
Moraliste et penseur politique, précurseur de la sociologie.
Il voyage beaucoup à travers l’Europe, il observe attentivement la géographie, l’économie, la politique et les mœurs des pays qu’il visite. De retour au château de la Brède, il publie une réflexion historique (Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leurs décadence, 1734), avant d’étudier les diverses formes de constitutions (De l’esprit des lois, 1748).



1779


III — Voltaire




Sa statue se trouve à côté de l'Académie française, un site prestigieux. L'oeuvre est de Drivier et date de 1962, elle est en pierre, un matériau grossier par rapport au bronze.





Voici la statue qui se trouvait quai Malaquais, donc à proximité, avant d'être détruite sous Vichy. Elle avait été inaugurée le 14 juillet 1885.









Avant l'Occupation, place Monge se trouvait une autre statue de Voltaire, érigée sous la IIIe République : 




Plan des statues quai Conti et quai Malaquais :




IV — Condorcet

De l'autre côté de l'Institut, se trouve la statue de Condorcet, quai Conti.

Quand la première statue de Voltaire a été érigée, les deux statues ornaient symétriquement l'Académie française, l'un les sciences (Condorcet), l'autre les lettres (Voltaire).


Le sculpteur est Jacques Perrin (1847-1915), la statue est inaugurée le 14 juillet 1894.


Le marquis de Condorcet (1743-1794) est un mathématicien, économiste, philosophe et homme politique français. 

Président de l’Assemblée législative (1792) et député à la Convention, il présenta un projet de réforme de l’instruction publique.






Sa statue fut fondue sous Vichy et refondue en 1991, car le plâtre avait été conservé.



LE SOCLE DE LA STATUE DE CONDORCET

Socle de la statue de Condorcet déboulonnée pour récupérer les métaux. Paris, quai de Conti, 1941.



5-7-14, manifestation des suffragettes [à la statue de Condorcet, quai Malaquais]



Une installation contemporaine en 1995 : Ohlala



V — Rousseau



La statue se trouve place du Panthéon
Elle a été inaugurée en 1889. En bronze à l'origine, elle est fondue en 1942 sous le régime de Vichy. Elle est remplacée en 1952 par une statue en pierre.






Par comparaison, la statue de Genève



VI — Beaumarchais



Sa statue se trouve près de la Bastille, quartier de la Révolution française.

En 1789, Beaumarchais habite à côté de la Bastille ! A proximité de la rue Saint-Antoine, se trouve le boulevard Beaumarchais.

Cette statue en bronze de 1895 est de Louis Clausade et se trouve rue St Antoine, près de la Bastille. Elle commémore la mémoire de l'écrivain, qui a habité un temps dans le quartier, au n° 2 du boulevard Beaumarchais.

Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais (1732 - 1799), l’une des figures emblématiques du siècle des Lumières.

C’est l’auteur du « Barbier de Séville » et du « Mariage de Figaro », deux pièces qui ont inspiré des opéras magnifiques à Rossini et à Mozart respectivement.




















La statue qui parle en 1975



VII — Les libres-penseurs : le Chevalier de la Barre - Etienne Dolet place Maubert



Le Chevalier de la Barre













La construction de la basilique du Sacré-Coeur, à Montmartre, est un véritable scandale pour les parisiens qui s'étaient révoltés en 1871, lors de la Commune de Paris. Cette basilique est destinée à "sauver la France qui a mérité le châtiment de Dieu par l'encouragement qu'elle a donné à l'esprit révolutionnaire dans le monde".

En 1897, un comité de libres penseurs demande que soit érigée une statue du chevalier de La Barre sur un terrain communal situé devant le chantier de la basilique infâme. Les démarches aboutissent. La statue, réalisée par le sculpteur Armand Bloch, est inaugurée le 3 septembre 1905.

La date n'est pas innocente. En effet, cette journée qui sera grandiose (25 000 manifestants), précède de Congrès international des Libres Penseurs des 4, 5 et 6 septembre 1905. Paris avait été choisi pour le congrès de 1905 car on savait que la Séparation des Eglises et de l'Etat y serait bientôt votée.
En 1926, par suite d'un aménagement du site, la statue du chevalier qui se trouvait sur le parvis de la basilique, à la vue de tous les pèlerins, est déplacée sur le côté de l'église, square Nadar.

Le 11 octobre 1941, le gouvernement de Vichy promulgue la loi sur l'enlèvement des statues métalliques en vue de leur fonte. Mais ce ne sont pas toutes les statues qui ont cet "honneur", les saints et les saintes, les rois et les reines sont épargnés.

Par contre, les humanistes, les philosophes, les victimes de l'intolérance cléricale y passent : le chevalier de La Barre, Etienne Dolet, Voltaire, Rousseau, Condorcet, Victor Hugo, Diderot, Marat, Gambetta, Fourrier, Lavoisier, Brocat, Maria Deraismes...

Toutefois, le socle d'origine avec les inscriptions "Chevalier de La Barre supplicié à l'âge de 19 ans pour n'avoir pas salué une procession" reste en place, square Nadar.

Depuis 1905, la statue du chevalier de La Barre a toujours été un lieu de rassemblement laïque. Tous les mouvements progressistes, humanistes et laïques s'y retrouvaient : le Grand Orient de France, le Droit Humain, la Libre Pensée, le Ligue des Droits de l'Homme, la Ligue de l'Enseignement, les anciens partis de gauche, les syndicats, les patronages laïques...



La nouvelle statue :
Le Conseil Municipal du 18ème arrondissement de Paris a voté en 1997, à l'unanimité, le projet d'érection d'une statue du chevalier de La Barre, sur l'ancien socle.

C'est le projet du sculpteur Emmanuel Ball qui a été retenu par l'association, puis accepté par la Ville de Paris. La nouvelle statue, payée par souscription, a été inaugurée le 24 février 2001.
Elle représente le chevalier dans la posture du "crime" : ne pas se découvrir devant une procession religieuse. Square Nadar, le chevalier nargue le Sacré-Coeur.

Pour ne pas oublier que le livre de Voltaire a été brûlé avec le corps du chevalier, le socle porte l'inscription suivante, tirée du Dictionnaire Philosophique : "La tolérance universelle est la plus grande des lois".





Étienne Dolet (Orléans, 3 août 1509Paris, 3 août 1546) est un écrivain, poète, imprimeur, humaniste et philologue français


Le 2 août 1546, le Parlement de Paris le reconnaît « coupable de blasphème, de sédition et d’exposition de livres interdits et damnés » et le condamne à être soumis à la torture puis conduit place Maubert pour y être étranglé et brûlé avec ses livres, le lendemain 3 août. C’est le jour anniversaire de sa naissance, il a 37 ans.


La IIIème République, dans les années 1880-1914, va rétablir sa mémoire publique. Une statue d’Etienne Dolet fut inaugurée place Maubert , le 19 mai 1889. C’est dans cette période de laïcisation des institutions qui allait aboutir à la loi de séparation des Eglises et de l’Etat en 1905, c’est dans les combats de l’affaire Dreyfus que « le martyr de la place Maubert » devint une des figures emblématiques de la République, de ses valeurs, de la pensée libre.














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